Évolution du dispositif : à compter du 1er avril 2022, les modalités de l’Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI) évoluent. Cela a pour objectif de permettre à plus de travailleurs indépendants de percevoir une allocation chômage à l’issue de leur activité.
Si votre cessation d’activité est antérieure au 1er avril 2022, consultez les anciennes règles qui s’appliquent dans votre cas.
Si votre cessation d’activité est postérieure au 1er avril 2022, poursuivez votre lecture. Les données contenues dans cet article ont été mises à jour.
Il ne faut pas confondre le fait de cumuler chômage et auto-entreprise au cours de votre activité non salariée et le fait de percevoir une allocation chômage à l’issue de votre activité de travailleur indépendant appelée ATI.
SOMMAIRE
Qu’est-ce que l’Allocation des Travailleurs Indépendants ?
L’ouverture des droits au chômage pour les entrepreneurs
Depuis le 1er novembre 2019, les entrepreneurs peuvent bénéficier d’indemnités chômage dans certains cas (cf décret 2019-796 du 26 juillet 2019 paru au Journal officiel le 28 juillet).
À l’instar de l’ARE (Allocation d’aide au Retour à l’Emploi), l’Allocation chômage des Travailleurs Indépendants ou ATI se présente sous la forme d’une indemnité versée chaque mois par Pôle Emploi, pour une durée de 6 mois maximum.
L’objectif de l’ATI est de permettre aux travailleurs non-salariés de bénéficier d’un coup de pouce financier après leur cessation d’activité et durant leur période de recherche d’emploi.
Enfin, sachez que l’ATI peut être utilisée plusieurs fois, sous réserve de remplir les critères d’obtention à chaque ouverture de droits.
Droit au chômage pour indépendant : qui est concerné ?
Pour bénéficier de l’Allocation chômage des Travailleurs Indépendants, vous devez exercer une des activités listées ci-dessous :
- Travailleur non salarié ne relevant pas du régime agricole (ex. : auto-entrepreneur, moniteur de ski, loueur de chambres d’hôtes, conjoint collaborateur, etc.)
- Exploitant agricole affilié aux régimes des non-salariés agricoles
- Mandataire d’assurance
- Dirigeant de société affilié au régime général de la Sécurité sociale, sauf exceptions
- Artiste auteur
Vous devez ensuite respecter 5 conditions détaillées ci-dessous. Attention, les conditions sont cumulatives, c’est-à-dire qu’elles doivent être toutes les 5 respectées.
Justifier d’une activité non salariée de 2 ans
Si vous souhaitez bénéficier de l’Allocation chômage des Travailleurs Indépendants, vous devez être en mesure de justifier votre activité non salariée sur une période minimum et non interrompue de 2 ans.
De plus, cette activité doit obligatoirement se faire au titre d’une seule et même entreprise. Pour cela, vous devrez fournir un extrait Kbis à Pôle Emploi lors de votre demande.
Bon à savoir : attention, toute mise en sommeil de votre activité durant ces 2 années entraîne automatiquement votre non-éligibilité à l’ATI.
Avoir cessé votre activité pour un motif précis
Pour percevoir l’allocation chômage du travailleur indépendant, vous devez avoir cessé l’activité de votre entreprise pour une des trois raisons suivantes :
- Pour cause de redressement judiciaire avec éviction du dirigeant, c’est-à-dire que l’indépendant dirigeant (vous) a été remplacé sur demande du juge
- Pour cause de liquidation judiciaire : la cessation de votre activité doit intervenir à la suite de la procédure
- Parce que votre activité n’était pas économiquement viable : plus précisément, vos revenus déclarés aux Impôts doivent avoir baissé d’au moins 30%. Attention, vous devrez “prouver” cette situation en fournissant une déclaration de cessation totale et définitive d’activité (ce document s’obtient auprès du Centre de formalités des entreprises (CFE) ou du guichet unique électronique) et une attestation confirmant la non-viabilité de votre activité (attestation produite par un expert-comptable ou une personne habilitée d’un établissement du réseau consulaire)
Pour les deux premiers motifs, le passage par le tribunal de commerce est indispensable si vous souhaitez être indemnisé (retrouvez les coordonnées de votre tribunal de commerce). Une copie de la décision de justice définitive précisant la raison de l’arrêt de l’activité devra être fournie à Pôle Emploi.
Avoir généré au moins 10.000 euros par an sur une des deux années
Ce critère d’éligibilité à l’ATI concerne vos revenus d’activité antérieurs. Pour être éligible à l’ATI, vous devez pouvoir justifier de revenus supérieurs ou égaux à 10.000 euros par an (ou 7.500 euros par an à Mayotte) pour au moins une des 2 années qui précèdent votre cessation d’activité.
Attention, ces revenus ne correspondent pas à votre chiffre d’affaires ! En réalité, il s’agit des revenus fiscaux, exception faite des statuts ou secteurs bénéficiant d’un régime fiscal particulier :
- Micro-entreprise (micro-BIC) : chiffre d’affaires ou recettes diminué d’un abattement de 50% ou 71% selon la nature de l’activité
- Micro-entreprise (micro-BNC) : recettes brutes annuelles diminuées d’un abattement forfaitaire de 34%
- Exploitants agricoles en micro-BA : recettes brutes annuelles diminuées d’un abattement de 87%
- Artistes auteurs soumis au régime de la déclaration contrôlée : moyenne des recettes de l’année d’imposition, de l’année N-1 et N-2 diminuée des dépenses de l’année d’imposition
- Autres artistes auteurs : abattement de 50% sur leur bénéfice imposable lors de la première année d’activité, puis abattement de 50% sur leurs revenus pendant 4 années selon les professions
Bon à savoir : le seuil de revenu antérieur d’activité correspond à une moyenne. Par exemple : un travailleur indépendant ayant déclaré 7.000 € pour l’année 1 et 13.000 € pour l’année 2 pourra recevoir l’ATI. En revanche, un autre travailleur non-salarié qui déclare 3.000 € pour l’année 1 et 16.000 € pour l’année 2 ne sera pas éligible.
Disposer de ressources personnelles inférieures au RSA
Pour avoir droit au chômage en tant que travailleur indépendant, vos ressources personnelles (c’est-à-dire non issues des revenus de votre activité professionnelle), ne doivent pas dépasser le montant forfaitaire mensuel du Revenu de Solidarité Active (RSA), soit 635,70 euros pour une personne seule.
Pour calculer vos ressources personnelles, Pôle Emploi utilise l’ensemble des revenus déclarés à l’administration fiscale lors de l’impôt sur le revenu. Seules certaines ressources ne sont pas incluses comme l’ARE ou l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS).
À noter : les ressources perçues hors du territoire national sont également prises en compte pour ce calcul.
Être à la recherche d’un emploi
Sachant que l’allocation pour travailleur indépendant est versée lors de votre cessation d’activité et comme pour toute personne prétendant au droit au chômage, vous devez être en mesure de prouver que vous êtes en recherche active d’un emploi :
- Être inscrit comme demandeur d’emploi auprès de Pôle Emploi : retrouvez comment s’inscrire comme demandeur d’emploi
- Accomplir des actes positifs et répétés afin de retrouver un emploi ou de créer, reprendre, développer une entreprise
- Résider sur le territoire national
- Être physiquement apte au travail
- Ne pas bénéficier d’une retraite à taux plein
Quel est le montant de l’indemnité chômage pour indépendants ?
L’ARE ne fonctionne pas tout à fait comme l’Allocation chômage des Travailleurs Indépendants. En effet, l’ATI est versée sous la forme d’un montant forfaitaire de 26,30 euros par jour (19,73 euros à Mayotte), soit environ 800 euros par mois, sachant que ce montant peut varier selon les montants des revenus antérieurs.
En effet, si votre revenu mensuel moyen (revenus des 2 années fiscales précédentes / 24 mois) est moins important que le montant forfaitaire de l’ATI pour un mois, le montant de votre ATI sera alors diminué pour correspondre à la moyenne mensuelle de vos revenus d’activité durant les 2 années antérieures.
Bon à savoir : le montant de l’ATI ne peut être inférieur à 19,73 euros par jour (13,15 euros à Mayotte), soit environ 600 euros par mois (400 euros à Mayotte).
La durée de versement de l’ATI est toujours la même : 6 mois (182 jours calendaires). Vous commencerez à la percevoir dès votre date d’inscription en tant que demandeur d’emploi.
Point important : l’allocation chômage de l’indépendant versée à l’issue de l’activité n’entraîne aucune cotisation supplémentaire.
Assurance chômage des indépendants : faire une demande
Pour faire votre demande d’Allocation chômage pour Travailleur Indépendant, vous devez vous inscrire comme demandeur d’emploi auprès de Pôle Emploi dans un délai de 12 mois après votre cessation d’activité.
Une fois inscrit, vous serez suivi par un conseiller, au même titre que n’importe quel demandeur d’emploi. Vous devrez alors faire votre demande d’allocations en remplissant un questionnaire spécifique et en fournissant les pièces justificatives nécessaires.
L’ATI est valable pendant 3 ans à compter de la date d’éligibilité à l’allocation. Cependant, le versement peut être suspendu dans certains cas, comme par exemple si vous n’êtes plus inscrit comme demandeur d’emploi ou si vous êtes en arrêt maladie.
Bon à savoir : l’Allocation chômage des Travailleurs Indépendants est versée sans différé d’indemnisation, ni délai d’attente. Elle permet également de valider des trimestres retraite pendant toute sa durée. En revanche, elle reste assujettie à la CSG, la CRDS et l’impôt sur le revenu.
Peut-on cumuler l’ATI avec d’autres revenus ?
Dans certaines situations, il est possible de cumuler votre allocation chômage pour travailleur indépendant avec d’autres revenus :
- Cumuler ATI et revenus d’une activité professionnelle : si vous retrouvez une activité, qu’elle soit salariée ou non, vous pouvez cumuler l’ATI avec votre rémunération pendant une période de 3 mois. Par ailleurs, ces 3 mois peuvent être consécutifs ou non. En revanche, au-delà de cette période, le versement de l’ATI est suspendu. Vous pourrez à nouveau en bénéficier si vous n’exercez plus d’activité professionnelle pendant au moins 3 mois.
- Cumuler ATI et ARE : il n’est pas possible de cumuler ATI et ARE. Cependant, il faut savoir que l’ARE est prioritaire sur l’ATI. Si suite à une ou plusieurs activités vous êtes éligible au chômage “classique” et que le montant et la durée du droit à l’ARE sont supérieurs à ceux de l’ATI, ce sera l’ARE qui vous sera versée. Si ce n’est pas le cas (montant et durée inférieure pour l’ARE) vous avez 30 jours pour choisir entre les deux indemnités. Attention, ce choix est définitif ! Sans réponse de votre part, c’est l’ARE qui est retenue.
- Cumuler ATI et Allocation spécifique de solidarité (ASS) : l’ATI et l’ASS ne se cumulent pas. Cependant, si vous bénéficiez de l’ASS, vous pouvez demander à suspendre temporairement son versement afin de toucher l’ATI. Une fois vos droits épuisés, vous pourrez ensuite réactiver l’ASS, à condition que vous n’ayez pas dépassé son échéance.
Plus d’informations : en tant que demandeur d’emploi, vous avez des obligations. Ainsi, nous vous conseillons la lecture des articles suivants :
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Depuis 2019, je dédie ma plume aux aides sociales et aux démarches administratives. Mon objectif : vous offrir un maximum d’informations, tout en vulgarisant ce que j’aime appeler « le langage Caf ». Pour que chacun puisse bénéficier des prestations auxquelles il a droit !