Mieux vaut vivre des aides sociales que se lever pour aller bosser ? Gagne-t-on plus en étant au RSA qu’en travaillant pour le SMIC ? C’est un débat qui ne date pas d’hier. Et pour cause, la polémique était déjà d’actualité dans les années 90 avec la mise en place du RMI, l’ancêtre du Revenu de solidarité active (plus connu sous son acronyme, le RSA).

Dans cet article, nous allons défier les idées reçues en restant le plus objectif possible. Pour ce faire, nous commencerons par les bases avec une présentation succincte des deux dispositifs et leurs montants respectifs.

Nous effectuerons ensuite des comparaisons chiffrées et concrètes entre RSA et SMIC (exemples sans enfant, avec un enfant, avec un demi-SMIC, etc.). Nous verrons bien entendu l’impact des aides sociales sur les ressources d’un bénéficiaire du RSA (aide au logement, prime de Noël, etc.) versus celles perçues par un « smicard » (prime d’activité, etc.).

Enfin, nous nous focaliserons sur les dépenses inhérentes aux travailleurs (frais de transport, garde pour les enfants, etc.) qui, en définitive, ne changeront pas la donne.

Mauvaise nouvelle pour les idées reçues : elles ne savent pas compter ! Car, vivre avec le SMIC rapporte en moyenne 80% de plus qu’au RSA.  Démonstration à l’appui.

RSA/Smic : qui gagne le plus ?


RSA et SMIC : présentation rapide des deux dispositifs

Parce qu’il est crucial de bien savoir de quoi on parle afin de pouvoir les comparer en toute objectivité, reprenons les bases et décortiquons succinctement ce que sont le RSA et le SMIC.

 

Le Revenu de solidarité active ou RSA

Sur le site Aide-sociale.fr, nous avons rédigé bon nombre d’articles sur le sujet du Revenu de solidarité active. Et pour avoir une vision d’ensemble du dispositif, n’hésitez pas à lire notre dossier RSA.

Définition et objectifs

Le Revenu de solidarité active (RSA) fait partie des minima sociaux. À ce titre, il garantit un minimum de ressources aux personnes sans revenus ou avec des revenus très modestes. Institué par la loi du 1er décembre 2008, le RSA a pour but de lutter contre la pauvreté et encourager l’insertion sociale et professionnelle. Il remplace plusieurs autres dispositifs d’aide sociale aujourd’hui disparus, notamment le RMI (Revenu minimum d’insertion) et l’API (Allocation de parent isolé).

Bien qu’il s’agisse avant tout d’un dispositif financier, le RSA prévoit également un accompagnement personnalisé pour aider les bénéficiaires à se réinsérer socialement et surtout, professionnellement. Formations, conseils… et un quota de 15 heures de travail hebdomadaires obligatoires depuis la dernière réforme du RSA sont au programme.

Montants

Voici un tableau récapitulatif des montants du RSA selon la composition familiale du foyer :

Situation du bénéficiaire Sans enfant 1 enfant 2 enfants 3 enfants
Seul sans APL 635,70 € 953,56 € 1144,27 € 1398,55 €
Seul avec APL 559,42 € 800,99 € 955,47 € 1209,75 €
Couple sans APL 953,56 € 1 144,27 € 1334,98 € 1589,26 €
Couple avec APL 800,99 € 955,47 € 1146,18 € 1400,46 €
Parent isolé sans APL (enfant à naître)

816,32 €

1088,43 € 1360,54 € 1632,64 €
Parent isolé avec APL (enfant à naître)

740,04 €

935,86 € 1171,74 € 1443,84 €

Source Caf.fr

Bon à savoir : nous vous avons présenté un tableau des montants du RSA avec et sans APL, car si le bénéficiaire du RSA touche l’APL (qui est une aide au logement), une partie de cette dernière est déduite du montant de son Revenu de solidarité active. C’est ce que l’on appelle le forfait logement.

 

Le Salaire minimum interprofessionnel de croissance ou SMIC

À l’instar du RSA, le SMIC est l’objet de plusieurs articles sur notre site. Cet article sur le montant du SMIC pourrait notamment vous intéresser.

Définition et objectifs

Le Salaire minimum interprofessionnel de croissance (ou SMIC) est le salaire horaire minimum légal en France. En vigueur depuis 1970, il est régulièrement revalorisé par le gouvernement en fonction de l’inflation (= le coût de la vie) et de l’évolution des salaires. Son but ? Garantir aux travailleurs une paie décente.

Le SMIC s’applique à l’ensemble des travailleurs âgés de 18 ans et plus, qu’ils soient employés à temps plein ou à temps partiel, et constitue un socle minimum de rémunération que les employeurs sont tenus de respecter.

Montant

Comme nous l’avons vu précédemment, le Salaire minimum interprofessionnel de croissance est revalorisé chaque année en fonction de l’évolution de l’inflation et de l’indice des prix à la consommation.

En 2025, le montant brut du SMIC est fixé à 11,88 €/heure, soit un montant brut mensuel de 1 801,80 € pour une personne travaillant à temps plein (35 heures par semaine) ou 21 621,60 € par an.

Mais pour mener à bien nos comparaisons, mieux vaut utiliser son montant net. Ainsi, après déduction des cotisations sociales diverses et variées, le SMIC est à 1 426 €/mois environ (cette somme pouvant varier en fonction des différents prélèvements).

À noter : dans cet article, nous n’aborderons pas certaines situations particulières qui peuvent influencer le montant du SMIC comme les apprentis et les personnes sous contrats de professionnalisation (dont la rémunération est basée sur un pourcentage du SMIC) ou encore les travailleurs handicapés en ESAT qui peuvent percevoir une rémunération inférieure au SMIC.

 

RSA ou SMIC : qui gagne le plus ? [+ exemples concrets]

Attention n’allons pas trop vite ! Ce que nous voulons, c’est comparer les ressources globales des personnes, et ce pour différentes situations familiales. Or, pour être le plus exact possible, il faut prendre en compte les aides versées chaque mois par la Caf aux bénéficiaires du RSA, mais aussi aux salariés au Smic. Ainsi, voyons d’abord quelles sont ces aides.

Les aides au logement

Les aides au logement, dont la plus connue est l’APL (pour Aide personnalisée au logement), offrent un sacré coup de pouce à celles et ceux qui la perçoivent : entre une petite centaine d’euros et 300 € environ chaque mois.

L’APL cible les personnes les plus précaires, et notamment les bénéficiaires du RSA. Toutefois, rappelons le principe du forfait logement : une partie de l’APL est TOUJOURS déduite du montant du RSA, elle ne vient donc pas en supplément.

Quant aux smicards, ils la perçoivent plus rarement : le plafond de ressources à ne pas dépasser pour la recevoir est proche du SMIC pour une personne seule, et de 2 SMIC pour un couple avec deux enfants.

 

La prime d’activité

Poursuivons par la prime d’activité 2025, anciennement RSA activité (!). Elle est destinée aux seuls travailleurs (les bénéficiaires du RSA ne peuvent donc pas la percevoir) et c’est elle qui change tout !

Elle est versée tous les mois et son montant dépend des revenus et de la situation familiale. Son calcul est assez complexe, mais elle représente, pour l’exemple, environ 230 € pour une personne seule et environ 400 € pour un couple au SMIC avec deux enfants.

À l’image du RSA, son montant est impacté par l’aide au logement, car il existe également un forfait logement pour la prime d’activité.

 

Les allocations familiales

Les fameuses allocations familiales ! Nombreux sont ceux qui crient au scandale de « faire des enfants pour les allocs », mais soyons sérieux quelques instants…

Les allocations familiales sont versées par la Caf à toutes les familles ayant au moins deux enfants de moins de 20 ans à charge, et ce, sans plafond de ressources. Autrement dit, il est tout à fait possible pour une personne au SMIC de les percevoir.

De plus, à partir de 3 enfants, toutes les familles perçoivent également le complément familial. Son montant varie parfois d’une famille percevant le Smic à une famille bénéficiaire du RSA.

Point important : si l’aide au logement n’est déduite qu’en partie du montant du RSA et de la prime d’activité, sachez que le montant des allocations familiales et du complément familial est quant à lui systématiquement déduit du RSA et de la prime d’activité. Il ne vient donc pas s’ajouter aux ressources de la famille.

icone info

 

 

Le cas particulier de 1ère année de reprise d’activité

Abordons brièvement le cas particulier des premiers mois qui suivent la reprise d’activité.

En plus de l’augmentation des ressources liée à la reprise d’activité, les personnes conservent leur APL. En effet, celle-ci est calculée sur les 12 derniers mois de ressources (toutes les explications). L’aide au logement va donc diminuer progressivement durant la 1ère année de travail jusqu’à éventuel l’arrêt du versement, lorsque le cumul de ses 12 derniers mois de ressources ne permet plus d’en bénéficier.

Par ailleurs, le RSA et la prime d’activité ont des fonctionnements similaires. En effet, ces 2 dispositifs se basent sur les ressources des 3 derniers mois selon la déclaration trimestrielle. Ainsi, durant les premiers mois de reprise d’activité, certaines personnes peuvent cumuler RSA et Prime d’activité.

Ceci étant dit, nous avons décidé de ne pas tenir compte de la première année après la reprise d’activité pour réaliser ce comparatif. Nous préférons vous présenter une vision à terme des ressources disponibles pour les bénéficiaires du RSA et les salariés au Smic.

Après avoir contextualisé le cadre de ce comparatif, venons-en aux faits ! Nous vous proposons de nombreux exemples dans la suite de cet article pour découvrir quelles sont les ressources réelles lorsqu’on gagne le Smic ou que l’on bénéficie du RSA.

 

RSA vs Smic pour les personnes seules

Une personne seule, sans activité professionnelle, peut recevoir 559 € de RSA, une somme bien inférieure au seuil de pauvreté de 1 216 € (source INSEE). Et ce, même si nous ajoutons à cela l’APL, d’un montant de 343 € (que cette personne obtient pour un loyer de 600 euros), ce qui nous fait un total de 902 €.

Comparé à une personne qui exerce un travail à plein temps, rémunéré au SMIC, son salaire seul lui suffit pour sortir de la pauvreté en passant à 1 426 €. En plus de son salaire, d’autres aides vont venir compléter ses revenus. C’est là que les choses se compliquent, voyons cela en détail !

Ressources Au SMIC Au RSA
Salaire  1 426€ /mois x
RSA  x 559,42€/mois
Prime d’activité 233€/mois  x
Aide au Logement 13€ /mois 343€ /mois
Total 1 672€ /mois 902€ /mois

*Source : simulateur RSA Caf.fr / simulateur prime d’activité Caf.fr / simulateur aide au logement Caf.fr / simulateur aide-sociale.fr

 

Comparaison Smic/RSA pour les personnes travaillant à mi-temps

Imaginons à présent une personne qui ne travaille qu’à mi-temps (50 %). On constate que la prime d’activité augmente légèrement à 271 €,  l’APL quant à elle augmente significativement à 264 € (toujours pour un loyer de 600 euros). Cela lui permet de compenser en partie la baisse de revenus.

Ressources Mi temps au SMIC Au RSA
Salaire  713€ /mois x
RSA  x 559,42€/mois
Prime d’activité 271€/mois  x
Aide au Logement 264€ /mois 343€ /mois
Total 1 248€ /mois 902€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

Dans tous les cas, nous voyons là que, pour une personne seule, le travail paye davantage que l’inactivité.

 

Qu’en est-il pour les couples ?

C’est encore plus le cas pour un couple, même sans enfant. Faisons à nouveau la comparaison en augmentant légèrement le prix du loyer à 700€, pour correspondre davantage à la réalité.

Au RSA, un couple sans enfant perçoit 800,99 € avec APL contre 2 852 € pour deux personnes rémunérées au SMIC. Et c’est sans compter la prime d’activité !

Ressources Couple au SMIC Couple au RSA
Salaire  2 852€ /mois x
RSA  x 800,99€/mois
Prime d’activité  183€/mois  x
Aide au Logement  x  411€ /mois
Total 3 035€ /mois 1 212€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

 

Le RSA ne profite-t-il qu’aux familles ?

Pour comptabiliser les ressources, les calculs sont effectués avec un loyer de 800€ pour 1, 2 et 3 enfants.

Avec un enfant, un couple au RSA perçoit 955,47 € avec APL, toujours moins que le SMIC. Notez qu’une famille avec 1 enfant n’est pas bénéficiaire des allocations familiales, ni au SMIC ni au RSA.

Ressources  Couple au SMIC avec 1 enfant Couple au RSA avec 1 enfant
Salaire  2 852€ /mois x
RSA  x 955,47€ /mois
Prime d’activité  368 €/mois  x
Aide au Logement x  471€ /mois
Total 3 220€ /mois 1 426€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

Avec 2 enfants, l’écart reste constant entre bénéficiaires du RSA et smicards ce malgré l’apparition des allocations familiales dans le budget des foyers… Par conséquent, avec les aides complémentaires, le constat est TOUJOURS le même !

Ressources  Couple au SMIC avec 2 enfants Couple au RSA avec 2 enfants
Salaire  2 852€ /mois x
RSA  x 998€ /mois
Prime d’activité  407€ /mois  x
Aide au Logement x  542€ /mois
Allocations familiales 148,52€ /mois 148,52€ /mois
Total 3 408€ /mois 1 689€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

Même avec 3 enfants, le cliché de la famille qui fait des enfants pour toucher des “allocs” vole en éclat. En réalité, l’écart reste stable entre les travailleurs et les familles au RSA. Démonstration à l’appui !

Ressources  Couple au SMIC avec 3 enfants Couple au RSA avec 3 enfants
Salaire  2 852€ /mois x
RSA  x 771€/mois
Prime d’activité  169€/mois  x
Aide au Logement  104€ /mois  614€ /mois
Allocations familiales 338,80€ /mois 338,80€ /mois
Complément familial 193,30€ /mois 289,98€ /mois
Total 3 657€ /mois 2 014€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

 

N’oublions pas les familles monoparentales !

Leurs moyens étant logiquement plus limités, nous avons décidé d’adapter le montant du loyer au nombre d’enfants pour effectuer nos calculs.

De la même façon, les familles monoparentales ne sont pas mieux loties quand elles perçoivent le RSA, quel que soit le nombre d’enfants à charge. Voyez par vous-même !

Famille monoparentale avec 1 enfant (loyer 600€)

Ressources Personne seule au SMIC avec 1 enfant Personne seule au RSA avec 1 enfant
Salaire  1 426€ /mois x
RSA  x 800,99€/mois
Prime d’activité  407€/mois  x
Aide au Logement  269€ /mois  471€ /mois
Total 2 102€ /mois 1 272€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

Famille monoparentale avec 2 enfants (loyer 700€)

Ressources Personne seule au SMIC avec 2 enfants Personne seule au RSA avec 2 enfants
Salaire  1 426€ /mois x
RSA  x 807€/mois
Prime d’activité  410€/mois  x
Aide au Logement  367€ /mois 542€ /mois
Allocations familiales 148,52€ /mois 148,52€ /mois
Total 2 351€ /mois 1 498€ /mois

*Source : caf.fr / aide-sociale.fr

Famille monoparentale avec 3 enfants (loyer 800€)

Ressources Personne seule au SMIC avec 3 enfants Personne seule au RSA avec 3 enfants
Salaire  1 426€ /mois x
RSA  x 583€/mois
Prime d’activité  182€/mois  x
Aide au Logement  470€ /mois  614€ /mois
Allocations familiales 338,80€ /mois 338,80€ /mois
Complément familial 289,98€ /mois 289,98€ /mois
Total 2 707€ /mois 1 826€ /mois

*Source Caf.fr / aide-sociale.fr

 

On vérifie une dernière fois pour être sur ?

Pour le dernier exemple, allons-y franchement ! Observons la situation pour une couple avec 3 enfants (loyer 800€), avec l’un des conjoints au Smic, l’autre sans activité.

Cette fois encore l’avantage revient clairement à la famille avec un seul revenu d’activité ce qui nous permet de clore le débat : au SMIC et même avec un SMIC pour 2, on gagne plus qu’au RSA !

Ressources Couple (1 seul revenu d’activité au SMIC)  avec 3 enfants Couple au RSA avec 3 enfants
Salaire  1 426€ /mois x
RSA  x 771€/mois
Prime d’activité 367€/mois  x
Aide au Logement 432€ /mois  614€ /mois
Allocations familiales 338,80€ /mois 338,80€ /mois
Complément familial 289,98€ /mois 289,98€ /mois
Total 2 854€ /mois 2 014€ /mois

*Source Caf.fr / aide-sociale.fr

 

L’impact des aides complémentaires et des dépenses sur les calculs

Vous voulez être sûr de ne pas passer à côté de quoi que ce soit ? Encore faut-il connaître ses droits ! Le non-recours oscille entre 30 % et 40 %, c’est-à-dire que, suivant les aides, 30 % à 40 % des personnes y ayant droit n’en font pas la demande, généralement par manque d’informations.

Alors, utilisez notre simulateur gratuit et anonyme pour tester votre éligibilité à plus de 1 000 aides !

 

Des aides complémentaires pour les personnes au RSA et au SMIC

Comparer RSA et SMIC sans prendre en compte les aides sociales complémentaires et les dépenses peut donner l’impression de ne pas être réaliste. Faisons donc un point ensemble sur le sujet.

Le chèque énergie

Chaque année, le chèque énergie soulève des questions sur ses bénéficiaires, surtout en pleine flambée des factures d’énergie… Ce dispositif permet aux ménages modestes de payer une partie de leurs dépenses énergétiques, qu’il s’agisse d’électricité, de gaz, de fioul ou même de certains travaux de rénovation. Il est attribué en fonction du revenu fiscal de référence et de la composition du foyer.

Sans surprise, les bénéficiaires du RSA y ont droit… mais certains travailleurs au SMIC peuvent aussi le percevoir, selon leurs revenus et leur situation familiale.

Encore une fois, pour une comparaison juste avec le SMIC, il faut « annualiser » cette aide. Son montant varie entre 48 et 277 € par an, soit un maximum de 23,08 €/mois.

La prime de Noël

Elle fait des vagues sur les réseaux sociaux chaque année, et pourtant ce coup de pouce ponctuel n’influence guère le débat. Et pour cause, la prime de Noël n’est attribuée qu’une fois en décembre aux bénéficiaires du RSA : il faut donc l’« annualiser » pour l’ajouter au montant du RSA et ainsi comparer le total au SMIC.

Sauf que… les montants sont relativement faibles :

    • Pour une personne seule : 152,45 €
    • Pour un couple sans enfant OU pour un parent isolé avec un enfant : 228,67 €
    • Pour un couple avec un enfant OU un parent isolé avec deux enfants : 274,41 €
    • Pour un couple avec deux enfants : 320,14 €
    • Pour une personne seule avec trois enfants : 335,39 €
    • Pour un couple avec trois enfants : 381,12 €

Ce qui représente, au mieux, 31,76 € par mois en plus… Même si elle n’est pas versée aux personnes touchant le SMIC, la différence importe donc peu.

L’allocation de rentrée scolaire

L’Allocation de rentrée scolaire 2025 (ARS) fait aussi débat chaque été. Pour rappel, cette aide est versée aux familles ayant des enfants scolarisés et âgés de 6 à 18 ans. Si elle est normalement destinée à financer les fournitures scolaires et autres dépenses liées à la rentrée, bon nombre de ses détracteurs estiment qu’elle est en réalité utilisée pour le plaisir personnel des parents… Mais passons cette polémique et concentrons-nous sur les faits et rien que les faits.

Le montant de l’Allocation de rentrée scolaire est de :

    • 416,40 €/enfant âgé de 6 à 10 ans ;
    • 439,38 €/enfant âgé de 11 à 14 ans ;
    • 454,60 €/enfant âgé de 15 à 18 ans.

Pour la recevoir, il faut respecter des plafonds de ressources établis par la Caf. Ces derniers dépendent notamment du nombre d’enfants à charge. Par exemple, pour une famille avec deux enfants, la limite à ne pas dépasser est de 35 008 € par an. Sans surprise, les bénéficiaires du RSA peuvent donc la toucher… mais c’est également le cas de certains travailleurs au SMIC selon la composition de leur foyer !

Enfin, encore une fois, comme il s’agit d’une aide sociale versée ponctuellement, il convient de l’« annualiser » et cela représente au maximum 37,88 €/mois.

 

Des dépenses en plus pour les salariés au SMIC…

La plupart des détracteurs du RSA clament que ce qui fait véritablement la différence ce sont les dépenses chez les travailleurs versus leur absence chez ceux qui « restent chez eux sans rien faire ». Il est vrai que l’activité professionnelle a un impact sur les revenus : il faut se rendre sur son lieu de travail, faire garder les enfants… Mais voyons ça plus en détail.

Commençons par le transport. Que ce soit l’abonnement aux transports en commun ou les frais liés à l’utilisation d’une voiture (essence, entretien, assurance auto, etc.), c’est exact : le budget grimpe vite. Il existe tout de même des aides pour le trajet domicile-travail qui ont été mises en place pour réduire la note, sans compter la déduction possible des impôts !

Pour les parents d’enfants en bas âge, l’intervention d’une assistante maternelle ou l’inscription dans une crèche est aussi une dépense significative, surtout lorsque l’on gagne le SMIC ! Encore une fois, il existe des aides dédiées à la garde d’enfant, notamment le CMG (Complément de mode de garde) pour n’en citer qu’une. Le reste à charge est ensuite déductible des impôts à hauteur de 50 %.

Concernant les frais de cantine, la note grimpe vite en fonction de la commune de résidence. Mais sachez qu’il existe des aides pour payer la cantine. Basées sur le quotient familial, elles sont accessibles aux familles qui perçoivent le Smic (même s’il faut reconnaître que l’aide est plus importante pour les bénéficiaires du RSA).

D’ailleurs les frais liés aux repas des salariés, qu’ils s’agissent d’un déjeuner sur le pouce, d’un restaurant ou d’une cantine d’entreprise, cela peuvent également vite devenir cher. La prime panier est spécifiquement là pour compenser cette charge, même si le mieux reste bien évidemment de se préparer une « lunch box » chez soi et de la faire réchauffer au micro-ondes au travail !

Quid de la mutuelle ? Les bénéficiaires du RSA ont droit à la Complémentaire santé solidaire, gratuite. Les smicards, eux, doivent composer avec la complémentaire santé de leur entreprise qui, elle, est payante. Rappelons tout de même que les couvertures du privé sont bien plus étendues (donc que les frais de santé seront mieux remboursés, ce qui fait une charge en moins !) et que l’employeur prend en charge minimum 50 % de la cotisation. Enfin, pour celles et ceux qui remplissent les critères d’éligibilité de la CSS, il est possible de refuser la mutuelle entreprise (c’est notamment le cas des travailleurs à mi-temps) et être couvert par la Complémentaire santé solidaire.

Pour terminer, les vêtements professionnels constituent une autre dépense à prendre en compte, certains emplois nécessitant des tenues spécifiques ou plus formelles. Sous certaines conditions, il est possible de déduire ces frais aux impôts. Mais pour rappel, le Code du travail impose à l’employeur de vous fournir gratuitement les vêtements de travail et les chaussures de sécurité indispensables à votre activité professionnelle…

 

…mais des avantages sociaux à long terme

Terminons par une donnée indispensable à garder en tête dans ce sempiternel débat. Travailler, même au SMIC, permet d’avoir des avantages sociaux non négligeables qu’un bénéficiaire de RSA n’a pas.

En effet, tous les travailleurs cotisent (c’est ce qui explique la différence de montant entre brut et net), ce qui leur permet d’ouvrir des droits… Le plus important : ces cotisations servent à valider des trimestres pour la retraite. Crucial pour garantir un revenu une fois l’âge de la retraite atteint ! Eh oui, n’oublions pas que c’est entre autres le nombre de trimestres cotisés qui détermine le montant de la pension de retraite !

Bien évidemment, il ne faut pas omettre le droit à l’assurance chômage. En cas de licenciement (et dans certains cas bien spécifiques de démission), France Travail peut ainsi verser l’ARE (Allocation de retour à l’emploi) et offrir un soutien financier temporaire en attendant un nouvel emploi.

 

Un faux débat et de vraies problématiques

Vous l’avez compris : on ne gagne pas plus en étant au RSA qu’en travaillant pour le SMIC. Mais il faut arriver à voir plus loin que ce débat stérile et récurrent.

 

Un système de redistribution basée sur la solidarité

En France, le système de redistribution est un pilier fondamental de la politique sociale et économique du pays. Il repose sur un principe de solidarité nationale, où les prélèvements obligatoires (les impôts et les cotisations sociales) permettent de financer divers dispositifs sociaux. Ces derniers visent à réduire les inégalités de revenus et à assurer une protection sociale à l’ensemble de la population, sans distinction.

Le Revenu de solidarité active joue un rôle central, voire crucial, dans ce système de redistribution. Parce qu’il est destiné à garantir un minimum de ressources aux personnes sans emploi ou disposant de revenus très faibles. Parce qu’il permet de lutter contre la pauvreté en offrant un soutien financier indispensable aux personnes les plus modestes. Parce qu’il permet de subvenir à leurs besoins essentiels, de l’alimentation au logement, en passant par la santé. Parce qu’il contribue à une vie digne et surtout, décente.

Mais il n’est pas que ça. Le RSA encourage la réinsertion professionnelle en incitant les bénéficiaires à entreprendre des démarches pour retrouver un travail ou à suivre des formations adaptées à leur situation.

Personne n’est à l’abri d’un coup dur.

Alors, bien sûr, il y a des abus et des fraudes. Nous ne dirons jamais le contraire, nous avons même écrit un article sur le sujet. Mais est-ce que cela mérite de renier le système entier ?

 

Un SMIC qui n’est pas synonyme de sortir de la pauvreté

Nous l’avons vu, le travail paye plus que les aides sociales. Mais dans certains cas de figure, cela ne suffit pas pour vivre au-dessus du seuil de pauvreté. Et le « vrai » débat devrait être là.

La situation la plus frappante est sans conteste celle de la famille monoparentale. Dès lors que le parent est au SMIC avec plusieurs enfants à charge, et ce, malgré la prime d’activité, les aides au logement et les allocations familiales, le foyer reste indéniablement en dessous du seuil de pauvreté. Bien évidemment, cela représente plus d’argent que si le parent touchait le RSA, mais le travail ne devrait-il pas être la garantie d’une vie décente ?

Oui, le SMIC est important (primordial, même !) pour la protection des travailleurs, mais il ne constitue pas une solution miracle pour éradiquer la pauvreté et assurer une stabilité financière à long terme. Des efforts politiques restent à faire et donnent donc matière à réflexion…


Charlotte rédactrice sur aide-sociale.fr

Depuis 2019, je dédie ma plume aux aides sociales et aux démarches administratives. Mon objectif : vous offrir un maximum d’informations, tout en vulgarisant ce que j’aime appeler « le langage Caf ». Pour que chacun puisse bénéficier des prestations auxquelles il a droit !

Share

Vous voulez partager votre expérience ?

Notre forum est là pour ça !
Autres articles intéressants
Simulateur RSA
newsletter Inscrivez-vous à notre NEWSLETTER pour vous tenir informé de toutes les nouvelles aides